La date de lancement était pour moi une évidence, un symbole de l’essence même du projet : le 8 mars. La journée des droits des femmes. Parce que la prise de parole est un droit, et que nombre de nous en sont encore privées. Il suffit de regarder le pourcentage d’expertes invitées sur les plateaux TV (20% entre mars et mai 2020*), pour se rendre compte de notre invisibilité.

On est d’accord, en 2020 le 8 mars tombe un dimanche : pas très stratégique pour communiquer aux entreprises ! Mais peu importe : le planning est serré avec des formations qui démarrent en avril et une grande soirée de lancement en mai ! Camille me rejoint pour un stage de 6 mois dans quelques jours, et…

Ne jamais (se re-)lâcher.

C’est un fardeau que de développer une activité - qui est optimale en présentiel -, alors qu’on ne voit pas plus loin que demain… ou après-demain si on aime les paris ! Mais la bonne Fée Sororité s’est penchée sur notre projet : nos sœurs nous ouvrent les portes de leurs réseaux, s’intéressent à notre projet... Et c’est avec joie et audace (et aussi un peu la trouille…) que je décide d’ouvrir en septembre 3 nouvelles villes d’implantation de notre formation. Vitré, Brest, Nantes.

Nous passons tout l’été à commercialiser notre offre, à recruter et former les comédiennes et coachs qui vont déployer le programme dans leurs villes. Sophie, Gabrielle, Charlotte, Catherine, Marine, Clémence, Céline : mon pôle de super-formatrice est prêt !

Alors, on enchaîne : 5 cercles de femmes à Rennes et 1 dans chaque autre ville. Nous avançons aussi dans nos actions solidaires : 4 ateliers-formations avec des jeunes femmes éloignées de l’emploi pour gagner en confiance lors de leurs entretiens d’embauche ; 2 formations pour se présenter positivement auprès des détenues de la prison des femmes et d’une mineure incarcérée.

Au total, ce sont 106 femmes qui ont été formées en 4 mois.

Est-ce peu, est-ce beaucoup ? Impossible d’y répondre, impossible de fixer un objectif chiffré valable avec cet environnement si incertain. J'ai aussi lâcher-prise sur cet aspect...

Je vous parlais de la Fée Sororité.

Grâce à elle, nous avons pu :

• Collecter plus de 700 réponses à notre enquête sur la prise de parole des femmes en milieu professionnel !
• Proposer des ateliers d’information et de formation à des centaines de femmes en visioconférence : merci Femmes d’Ici et d’Ailleurs, Google Ateliers, EDF-Enedis…
• Nouer un partenariat avec le réseau Femmes de Bretagne.
• Signer les premiers contrats pour dérouler notre formation en intra-entreprises dès 2021.
• Et embaucher Camille au poste d’oratrices managers !

Début octobre, j’ai tiré ma révérence après 3 années à la présidence de TEDxRennes, sur un acte lui-aussi symbolique : une parité d’intervenant.e.s. Un line-up de 4 femmes et 4 hommes sur scène. En présentiel ! On l’a fait ! Ça fait du bien, ça aussi !

Et pourtant ce n’est pas un article « my beautiful life ».

Parce que j’ai sué. J’ai pleuré. J’ai douté. J’ai passé des heures éveillée la nuit à me dire qu’il valait mieux abandonner. Parce que rien n’est gagné : qui sait ce que 2021 va nous réserver ?

Mon bilan 2020 ne tient qu’à des rencontres, très souvent virtuelles, toutes provoquées par le contexte du/des confinement.s. Cela m’aurait paru être un comble il y a encore quelques mois ; mais c’est un fait. Qui démontre encore et toujours que l’humain est le moteur de toute entreprise.

Alors, était-ce une bonne idée que de débuter cette aventure en 2020 ? Y a-t-il des années plus propices que d’autres pour se lancer ? Difficile à dire. Certains s’affichent avec des tee-shirts « J’ai survécu à 2020 ». Alors pourquoi pas « J’ai créé en 2020 » ?

* Étude CSA, tous sujets confondus, 59 programmes sur 6 chaînes TV et 2 radios, entre mars et mai 2020. En 2019 ce chiffre était de 38% !

Autrice : Fanny.